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Bien vivre sa sexualité avec une dermatite atopique

Une vie intime épanouie est un des piliers du bien-être personnel. Les lésions cutanées peuvent être une source d’inquiétude et d’inconfort. Mais l’important, c’est d’abord le regard que l’on porte sur soi et la façon dont on supporte le regard des autres sur soi, explique le Dr Sylvie Consoli, dermatologue et psychanalyste. Pour mieux vivre ces regards, il faut avant tout se soigner.

La peau est un organe essentiel de la vie relationnelle, affective et sexuelle. « Elle est à la croisée des regards, indique le Dr Consoli. Le regard intime, celui de soi sur soi, et le regard extérieur, des autres sur soi. » C’est la peau du visage, qui exprime tant de choses de soi, sur sa personnalité, ses pensées, ses émotions. C’est la peau des mains, par lesquelles passent les premiers contacts, les premiers échanges. C’est la peau du corps, qui une fois déshabillé, met véritablement à nu, permet la rencontre et nourrit celle-ci. C’est l’organe qui fait être « bien dans sa peau », avec soi, avec l’autre.

Alors, bien sûr, une peau marquée par des lésions peut constituer un véritable fardeau. Ces lésions qui surviennent de façon imprévisible, qui grattent, suintent, pèlent, forment des croutes, font mal… Surtout, ces lésions peuvent altérer le toucher et l’image que l’on a de soi. « Une peau qui est agréable à regarder et à toucher constitue un élément clé de l’estime de soi, de la valeur que l’on s’attribue, explique le Dr Consoli. Se sentir en sécurité dans les limites de sa peau, s’estimer et avoir une bonne image de soi forment ce que l’on appelle le narcissisme, c’est-à-dire la capacité à s’aimer. Or, il faut d’abord s’aimer, s’estimer pour s’engager dans une démarche amoureuse. »

L'importance du traitement

Cela signifie-t-il que toute vie affective et intime est impossible avec la dermatite atopique ? Non, bien sûr que non ! Le premier conseil du Dr Consoli, c’est avant tout de soigner sa maladie. « D’abord, il faut se soigner. Si on ne fait rien, enfermé dans une forme de fatalisme et de découragement, il est difficile de conserver ou retrouver de l’estime de soi. Il faut donc aller consulter un dermatologue, avec lequel on s’entend bien, et qui prend en compte l’ensemble des difficultés que l’on rencontre. » Le Dr Consoli insiste également sur l’importance de parler de sexualité à son dermatologue. « Cela fait partie de son boulot, s’exclame-t-elle. Il n’y a pas de honte à parler de sexualité avec lui. Elle est un des plaisirs de la vie et le dermatologue est là aussi pour aider à résoudre les éventuelles difficultés. » Il peut ainsi orienter vers des démarches complémentaires au traitement strictement dermatologique.

Cela peut être par exemple d’apprendre la relaxation pour parvenir à mieux contrôler les démangeaisons. Les thérapies comportementales et cognitives, qui consistent à travailler sur ses comportements et ses pensées, peuvent être également efficaces pour parvenir à dépasser des inhibitions. Enfin, si nécessaire, il est possible de recourir à une psychothérapie analytique afin de comprendre les raisons des difficultés psychologiques associées à la maladie. « L’important, insiste le Dr Consoli, c’est de ne pas s’engager dans une succession de démarches que l’on arrête plus ou moins rapidement. Il faut au contraire, avec son dermatologue, définir un véritable programme thérapeutique qui prend en compte l’ensemble des difficultés rencontrées et associe donc plusieurs approches thérapeutiques complémentaires en même temps. »

Ce travail vise aussi à faire la part des choses entre ce qui relève véritablement de la maladie et ce qui n’en relève pas. « Parfois, on peut “utiliser“ sa maladie pour échapper à des situations anxiogènes, une rencontre amoureuse par exemple », explique le Dr Consoli. Elle se souvient ainsi d’un jeune patient qui avait pris l’habitude de se « pommader » longuement tous les soirs dans sa salle de bains au moment du coucher. Ceci, alors que sa maladie ne nécessitait plus de tels soins intensifs selon son dermatologue. « Évidemment, cela ne favorisait pas les retrouvailles avec sa compagne, raconte le Dr Consoli.
Au cours des consultations, nous avons lui et moi fait le constat qu’il avait commencé à se traiter de cette manière depuis que sa compagne lui avait demandé de s’engager davantage et qu’ils aient un enfant ensemble… ».

En parler à l'autre

Dans une relation à deux, le dialogue est bien entendu essentiel. « Que l’on soit dans une démarche de séduction ou dans une vie de couple, il faut expliquer à l’autre ce qui arrive, indique le Dr Consoli, sans dramatiser, mais sans banaliser non plus. » C’est le dialogue qui permet de lever les non-dits et les incompréhensions éventuelles. Si par exemple des lésions font mal et ne permettent pas d’envisager à un moment donné d’avoir une relation sexuelle, il est en définitive plus simple de le dire que d’inventer un prétexte qui risque fort de ne pas être compris ou accepté par l’autre. Par ailleurs, l’effort et la transpiration sont susceptibles d’exacerber les lésions. Là encore, une explication franche est recommandée, ne serait-ce que pour expliquer pourquoi il serait préférable que la température de la pièce ne soit pas trop élevée.

En définitive, une vie intime épanouie est tout à fait possible avec la maladie. Il faut « simplement » se donner les moyens d’y parvenir. Ce n’est pas toujours simple mais pas inaccessible non plus, surtout si on peut s’entourer d’interlocuteurs compréhensifs et compétents auxquels on fait confiance.

Références

  • Dieris-Hirche J et al. Atopic dermatitis, attachment and partnership: a psychodermatological case-control study of adult patients. Acta Derm Venereol. 2012 Sep;92(5):462-6.
  • Misery L et al. Atopic dermatitis: impact on the quality of life of patients and their partners. Dermatology. 2007;215(2):123-9.

Publié le 22/05/2018

Dernière mise à jour le 04/06/2018

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