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Eczéma atopique et féminité

Article 6 : Eczéma atopique et féminité

Présentation

Si vous atterrissez ici pour la première fois, je m’appelle Jade, je suis une jeune femme, qui s’oriente vers ses 26 printemps (j’avais envie d’utiliser ce terme fleur bleue et d’en faire un jeu de mots "printemps-fleur"). J’ai un humour particulier, pour ne pas dire à revoir; je suis atteinte d’asthme, de pléthore d’allergies et bien sûr, du sujet dans cet article; l’eczéma.

Ici, je vais évoquer ce qui unit, à mon plus grand désespoir, la féminité et la dermatite atopique.
Je ne suis pas là pour dire que c’est plus difficile pour les filles, loin de là. Je vais simplement parler de ce que je connais.

Dermatite atopique : n.f nom féminin :

La féminité et la dermatite atopique… tout un sujet, un chapitre que je pourrais écrire avec un ton colérique, un ton plaintif, un ton agacé, un ton à bout de souffle...
Je pourrais écrire les mots suivants, ceux qui me viennent quand je pense à mon quotidien de peau sensible, fragile et abîmée : la nuque crispée, les sourcils froncés, les larmes aux yeux, avec tant de dégoût, d’incompréhensions, de tristesse, de haine…

Nonobstant, je vais rédiger cela avec le plus de douceur possible, le plus de respect pour mon corps qui subit quotidiennement ces désagréments, pour ma peau qui tiraille fortement, pour mon mental mis à rude épreuve.

Je vais tenter de vous partager mon avis, mon ressenti, mais aussi, vous prouver que même avec de l’eczéma, quand on est une femme, il ne faut pas s’arrêter de vivre.

Ce sera difficile, la route ne sera pas un long fleuve tranquille, on ne fera pas ce que l’on veut.

Non, bien sûr que non, en tant que femme atteinte de dermatite atopique, on ne fait pas ce que l’on veut, on fait ce que l’on peut.
Bien évidemment, les hommes atteints d’eczéma ne font pas non plus, ce qu’ils veulent. Je ne parlerai néanmoins pas en leur nom, car je ne peux pas comprendre ce qu’ils ressentent, je ne peux comprendre les problématiques auxquelles ils sont confrontés.

Je parlerai seulement en mon nom, en tant que femme.
Car assurément, chaque femme est unique, toutes les femmes n’ont pas la même émotion face à leur maladie de peau, toutes les femmes n’ont pas la même résistance à la douleur, certaines ont même plusieurs maladies à gérer en même temps. Toutes les femmes n’ont pas le même quotidien professionnel et personnel, ce qui peut rajouter une charge émotionnelle importante.

Bref.

Vous l’aurez compris, je ne prétends pas avoir la science infuse concernant l’eczéma. Je vous partage juste mon vécu, mon expérience.


Comment se sentir bien dans sa peau abimée, fragilisée ?

Il ne faut pas avoir honte, c’est le premier point.
Le plus important.
Je l’écris, je le pense, pour vous lectrices !
Ce n’est pas pour autant que je parviens à appliquer à moi-même ce conseil.
Ma voix intérieure est au volume maximum et elle n’est pas toujours sympathique ! Des complexes, on en a toutes (ou presque !).
Être une femme, dans la société d’aujourd’hui, représente un challenge, un défi (désagréable pour ma part), quelque chose de difficile, selon les mœurs, selon la société dans laquelle on évolue, selon les codes. Vous l’avez compris, ce n’est pas de tout repos !

Le fameux dicton « il faut souffrir pour être belle », la Jade d’avant, l’enfant que j’étais, ne le comprenait pas à sa juste valeur.

Aujourd’hui, je comprends qu’il faut souffrir pour être belle. Prenons l'exemple de l'épilation. Cette idée reçue, ancrée profondément dans notre société, souligne une exigence de perfection souvent au prix de douleur et d'inconfort.

Encore hier, un ami m’a dit "Il faudrait que tu penses à mettre de la crème sur les mains car ce n’est pas du tout sexy ça ma Jade !". Encore il y a une semaine, un autre ami m’a dit "Tu as une voix si grave haha, plus grave que la mienne, tu dois faire peur aux hommes ! ". Je suis restée bouche bée, outrée, mon étonnement était à son comble.

Comment répondre lorsque l'on nous attaque sur des complexes ? Pourquoi me rabaisser directement dans l’attirance que je pourrais susciter, sur des choses que je ne contrôle pas ? Bien sûr que j’aimerais que mes cordes vocales n’aient pas cette fichue maladie qui rend ma voix rauque. Bien sûr que j’aimerais avoir de jolies mains, être mannequin pour mains, porter des bijoux sans souffrir, appliquer du vernis sans redouter que cela attire l'attention indésirable sur mes mains !

Oui. La société évolue, permettant ainsi à la femme d’être la plus naturelle possible, de s’affranchir d’exigences et d’injonctions sociétales.

J’ai grandi dans un monde de magazines où l’image de la femme se révèle filiforme, où la femme s’épile, où la femme est coiffée à coup de brushing, où la femme est maquillée avec rouge à lèvres, mascara, vernis. Où la peau de la femme est belle, lisse, glabre, parfaitement parfaite, sans défaut, sans lésion cutanée, sans poussée d’acné.

C’est ça, une femme dans les magazines de mon adolescence. Ce sont des photos retouchées.
Ce sont des images retravaillées, dans les publicités pour femme adulte promouvant un lait hydratant, une crème spéciale peau atopique, sècheresse extrême, un émollient corps gras pour une vie et une peau apaisée pendant 48h, pour une barrière cutanée réparée et hydratée jour et nuit.
D’après les publicités, utiliser leurs produits hydratants change la vie. Il suffirait de s'appliquer de la crème régulièrement et notre peau est plus brillante en un éclat. On ne parle pas de facteur héréditaire, génétique, pas de maladie, pas d’allergène alimentaire, pas de cas particulier, non.
C’est si simple à la télévision. Si complexant.

La féminité est donc un objectif, une image, un ressenti, que l’on recherche à travers un maquillage, à travers une tenue, à travers une attitude.

J’ai toujours entendu dire que pour un entretien, une femme devait porter un tailleur, des chaussures à talons, des bijoux.
Mais comment se sentir femme quand les plaques d’eczéma sont apparentes sur le visage, la nuque, les mains ? Ces endroits qu’on doit maquiller notamment ? Ces endroits visibles abîmés ?

La féminité est touchée quand on est atteint de dermatite atopique, pour la simple et bonne raison que les plaques d’eczéma, ces zones rugueuses, sèches, ensanglantées, n’épargnent aucune partie du corps.

Ces parties que l’on veut cacher par pudeur, pour en laisser l’exclusivité à notre partenaire... ces parties sexy, belles, ces parties sont abîmées, fragilisées, sensibles.
Comment se sentir belle ? Comment ne pas être gênée ?

Ne pas pouvoir mettre le maquillage que l’on veut, pour éviter de faire des allergies, bien que le maquillage soit bio, sans parfum, sans savon, sans ci, sans ça.
Ne pas pouvoir mettre de bijoux autour du cou, éviter les décolletés… c’est terriblement difficile psychologiquement.
Pour moi qui trouve que les bijoux embellissent une tenue, la personnalisent, la féminisent.

Ces sécheresses que l’on aperçoit près des oreilles, au coin de la bouche, dans la nuque, et bien sûr plus bas… Une sécheresse extérieure que l’on aperçoit, qui est jugée, critiquée sans cesse à coup de blagues, de questionnements, mais aussi, une sécheresse intime, qui implique des sacrifices, des adaptations, par soi-même, par son partenaire. Une sécheresse intérieure, synonyme de traitements, de douleurs...cela pèse sur le moral, sur le mental du couple.

In fine ?

Se sentir femme, c’est avoir des complexes, tenter de les cacher, pour ma part. C’est avoir la voix grave, ne pas réussir à me tenir droite, ne pas toujours avoir envie de mettre des robes, et bien sûr, me coltiner cette détestable maladie de peau, ces maladies de l’atopie que sont l’asthme, la dermatite atopique, les rhinites et conjonctivites allergiques.

Les moments intimes sont ponctués de soins en tout genre, hydratants classiques, émollient gras (si gras !), par exemple, après la douche, on ne peut pas penser à autre chose que de devoir mettre de la crème…

Par ailleurs, tous les jolis hauts, en dentelles, bien que j’adore cela, je ne peux pas toujours en porter. Quand j’ai la peau trop sèche, cette dernière s’accroche dedans.
Puis, il suffit que ce soit de la matière synthétique pour que le vêtement me démange toute la journée.
Le coton a ses limites, que la féminité ignore.
Dixit une célèbre philosophe, petite et asiatique, atteinte de dermatite atopique,

Jade.

Publié le 03/04/2024

Dernière mise à jour le 03/04/2024

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