Qu'est-ce que l'atopie ?
Le terme d’atopie désigne une prédisposition à développer des allergies. Cette prédisposition est souvent héréditaire : avec 1 parent atopique, un enfant a 25% de risque de devenir atopique et ce risque passe à 50% avec 2 parents atopiques1.
La dermatite atopique constitue généralement la première manifestation de l’atopie2. Il s’agit d’une maladie inflammatoire chronique de la peau due à une anomalie de la réponse immunitaire et une déficience de la barrière cutanée3. Elle apparaît le plus souvent chez le bébé dans la première année de vie4: c'est ce que l’on appelle l'eczéma du nourrisson. La majorité des eczémas atopiques du nourrisson s'améliorent, puis disparaissent progressivement au cours de l'enfance5.
La dermatite atopique est souvent suivie par l’apparition de maladies allergiques : asthme, rhinite allergique ou allergie alimentaire. Le risque de voir se développer ces maladies est d’autant plus important que la dermatite atopique est sévère, apparaît précocement et persiste dans le temps2.
- 40% des enfants atteints de dermatite atopique développeront une allergie alimentaire 2 ;
- Les enfants souffrant d’une dermatite atopique présentent un risque 6 fois plus élevé de développer une allergie alimentaire par rapport aux enfants dont la peau est intacte6 ;
- 70% des patients ayant une dermatite atopique sévère et 20 à 30% des patients ayant une dermatite atopique légère développeront un asthme 4 ;
- Le risque d’asthme est plus de 2 fois supérieur chez les enfants souffrant de dermatite atopique 4 ;
- 45% des enfants ayant une dermatite atopique développeront une rhinite allergique avant l’âge de 7 ans 7 ;
- La dermatite atopique favorise également les urticaires aigües, chroniques ou physiques. 8.
Cette évolution de la dermatite atopique vers des maladies atopiques et/ou allergiques est connue sous le terme de « marche atopique ».
La dermatite atopique, jouerait un rôle déterminant dans la marche atopique : la rupture de l’intégrité de la peau chez les enfants souffrant d’eczéma favorisait la sensibilisation cutanée aux allergènes. Et, en effet, plusieurs études cliniques ont montré que l’utilisation régulière de crèmes hydratantes chez les nourrissons diminuerait le risque de dermatite atopique et d’allergie alimentaire. Plusieurs études plus importantes sont actuellement en cours afin d’évaluer l’efficacité de ces crèmes dans la lutte contre le développement de la dermatite atopique mais également des allergies alimentaires et d’allergie respiratoire 2.
Thomas, Eva et la marche atopique 1
Thomas a un père avec un terrain atopique et a présenté dès l’âge de 1 mois un eczéma du nourrisson au niveau des plis : plaque rouges avec peau épaissie. L’eczéma a disparu vers 3 ou 4 ans. Thomas a eu 2 épisodes de bronchiolites à 4 et 6 mois, avec respiration sifflante et abondantes secrétions bronchiques. A 4 ans, les tests épicutanés ont révélé une sensibilisation aux acariens et les épreuves fonctionnelles respiratoires une hyper-réactivité bronchique. A 7 ans, Thomas a eu une première rhino-conjonctivite allergique (yeux rouges qui grattent, éternuements et nez qui coule) dans une maison où les tapis et rideaux étaient très anciens et probablement infestés d’acariens. A 12 ans, une désensibilisation aux acariens sur 2 ans a permis de réduire les crises de rhinite et de conjonctivite allergique.
Eva, dont les 2 parents ont un terrain atopique, a aussi présenté dès son premier mois de vie un eczéma atopique, associé à des diarrhées et vomissements pour lesquels a été porté le diagnostic d’allergie aux protéines du lait de vache. Elle a une respiration sifflante lors des infections virales hivernales, puis à partir de 3 ans, les épisodes de respiration sifflante sont intervenus plus fréquemment, y compris entre les infections, amenant au diagnostic d’asthme avec un traitement continu. Les tests cutanés montrent une sensibilisation aux acariens et aux poils de chat. A 10 ans, l’eczéma disparaît, mais Eva devient aussi allergique aux pollens et a un rhume des foins avec rhinite et conjonctivite allergiques au printemps. Elle n’est plus allergique au lait de vache mais l’est devenue à certains fruits. A l’adolescence, l’asthme semble aussi disparaître. Eva devient coiffeuse et vers 20 ans, asthme et eczéma réapparaissent de façon semble-t-il liée aux produits qu’elle manipule dans le cadre de son travail.