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Le regard des autres : les bonnes stratégies à adopter

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Le regard des autres : les bonnes stratégies à adopter

Au quotidien, quand on vit avec une dermatite atopique, le regard des autres est souvent difficile à accepter et peut être une source de souffrances, ainsi que de repli sur soi. Il existe néanmoins des techniques simples à adopter pour mieux y faire face. Présentation avec le Dr Béatrice de Reviers, présidente de l’association ANNA qui soutient les personnes atteintes d’un handicap esthétique.

Notre peau est d’abord et avant tout un organe de protection. Mais elle est aussi le lieu où s’expriment, de façon non verbale, nos émotions et nos pensées. Elle constitue ainsi un vecteur essentiel de la rencontre et des échanges avec les autres. Il n’est donc pas étonnant que toute maladie qui en modifie l’aspect puisse avoir des conséquences psychologiques et relationnelles importantes. Béatrice de Reviers parle ainsi de véritable « handicap esthétique ». « Quand notre aspect extérieur est modifié, cela entraîne de l’anxiété, de la honte, de l’angoisse lorsque l’on doit s’exposer et une perte de confiance en soi, explique-t-elle. C’est donc difficile à vivre. »

La capacité à surmonter un « handicap esthétique » dépend de différents facteurs, qui ne sont pas forcément ceux auxquels on peut penser en premier. « L’étendue des lésions et leur visibilité ne sont pas des facteurs déterminants, indique ainsi Béatrice de Reviers. Des personnes avec des lésions à la fois petites et cachées par les vêtements peuvent rencontrer beaucoup plus de difficultés que d’autres qui présentent des lésions étendues et visibles. » De même, l’âge et le sexe n’entrent pas véritablement en ligne de compte.

En revanche, d’autres aspects sont déterminants. C’est le cas par exemple de l’image que l’on se fait de soi et de celle que l’on imagine que les autres ont sur soi. Les expériences négatives du passé, notamment dans l’enfance, ont également une influence certaine. Une personne qui a fait régulièrement l’objet de stigmatisations et de moqueries répétées a généralement plus de mal à affronter le regard des autres, compte tenu de la perte d’estime de soi qu’elle a subie. Le soutien familial est aussi très important. Plus un enfant aura bénéficié d’un soutien bienveillant au sein de sa famille et plus il sera en mesure de faire face aux difficultés liées à sa pathologie.

Devenir acteur de soi

Pour vivre mieux avec le regard des autres, il existe des techniques de « coping », un terme anglais qui signifie « faire face ». Elles ont été mises au point essentiellement aux États-Unis pour aider des malades ayant des lésions cutanées, par exemple les grands brûlés. Ces techniques permettent d’apprendre à savoir comment agir et réagir dans les circonstances difficiles et/ou douloureuses avec les autres. Elles visent ainsi à ne plus subir, mais au contraire à devenir acteur et donc à reprendre confiance en soi.

La première d’entre elles, l’association ANNA 1 l’a baptisée « en piste ». Piste pour pensée positive, intonation, sourire, tonus et échange visuel. « Quand on sait que l’on va rencontrer de nouvelles personnes, il faut s’y préparer, explique Béatrice de Reviers. C’est une mise en condition. On se dit que l’on a envie de rencontrer ces gens et que l’on va bien le faire. » De même, il faut prêter attention à sa voix, adopter un ton à la fois posé et ferme, tout en étant amical et enthousiaste. Le sourire est bien entendu essentiel, c’est lui qui montre l’ouverture aux autres. On peut ne pas en avoir l’habitude, mais en se forçant un peu au départ, cela devient vite naturel. La posture du corps est également un aspect important. Il faut être le plus droit possible, avec la tête haute et les épaules en arrière. Cela donne une impression d’assurance. Enfin, il est déterminant de regarder l’autre dans les yeux, au moins par moments et même si c’est pour de courtes périodes.

La seconde stratégie est intitulée « expliquer, rassurer, distraire ». Elle consiste dans un premier temps, lors d’un échange avec une autre personne, à expliquer de façon précise, claire et brève sa pathologie. « Il faut utiliser le terme médical – dermatite atopique –, explique Béatrice de Reviers, car cela montre que l’on sait de quoi on parle. » Très vite, il convient de passer à l’étape suivante qui est de rassurer, notamment sur l’absence de risque de contagion, car c’est une crainte très fréquente en cas de lésion sur la peau. Enfin, il faut rapidement passer à autre chose, le meilleur moyen étant de s’intéresser à la personne que l’on a en face de soi.

La troisième stratégie, « Be your best », repose sur l’apprentissage de comportements dans des situations typiques de stress et/ou de difficultés. Par exemple, la personne qui vous regarde avec insistance dans une file d’attente. « Dans un tel cas de figure, il faut d’abord la regarder dans les yeux, conseille Béatrice de Reviers. Cela permet de lui montrer que son attitude n’est pas acceptable et généralement c’est elle qui finit par baisser les yeux. Ensuite, il faut lui sourire, ce qui la déstabilise davantage. La curiosité est naturelle, mais elle peut être intrusive. Il faut alors apprendre à la stopper, avec fermeté mais sans agressivité. »

Ces différentes stratégies ne nécessitent pas d’aptitude particulière. Elles peuvent s’acquérir et être utilisées à tous les âges, par les enfants comme les adultes. En revanche, elles nécessitent de s’entraîner régulièrement, c’est-à-dire de les pratiquer le plus souvent possible dans toutes sortes de situations. Au fur et à mesure, elles deviennent de plus en plus naturelles et permettent de ne plus ou de moins souffrir de son handicap esthétique.

(1) L’association ANNA a publié une bande dessinée destinée principalement aux enfants, dont le titre est « Tous en piste ». Elle propose également des ateliers thérapeutiques et des conférences de sensibilisation. Toutes ses actions sont détaillées sur son site : anna-asso.fr.

Références

  • L’intérêt de stratégies de coping dans le Nævus Géant Congénital. Mémoire de Diplôme Universitaire de Thérapies Comportementales et Cognitives, Docteur Béatrice de Reviers de Mauny, Université Paris Descartes Paris V, 2017.

Publié le 27/04/2018

Dernière mise à jour le 04/06/2018

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